" Embrasser quelqu'un , c'est avoir déjà
" Embrasser quelqu'un , c'est avoir déjà renoncer à l'aimer"
Camille de Peretti "Nous sommes cruels"
" Embrasser quelqu'un , c'est avoir déjà renoncer à l'aimer"
Camille de Peretti "Nous sommes cruels"
Je me dégoûte , je suis à l'image de mon armure , un tas de membres rigidifiés , engraissés par le ciment de la peur .
à quoi ça sert une vie comme ça ?
t'oublier , t'oublier , t'oublier , t'oublier , t'oublier , t'oublier , t'oublier ....
Tout m'échape . Je suis une enfant dans un corps de femme . dans quelques temps , quelques mois , quelque année , j'aurais 30 ans ... et croyez-moi c'est à se flinguer ! la peau sur mes paupières n'est déjà plus la même . Mon corps a changé , son rythme est plus lent . J'ai peur de beaucoup de choses et je m'enlise dans mon confort , le changement m'angoisse , je deviens ma mère . J'ai PEUR de ce dont elle avait PEUR sans même savoir de quoi , d'ailleurs , même elle ne le savait pas , ou ne le sait plus , ne le sait pas . Le temps , pendant ce temps , ne s'arrête pas . Bientôt je devrais arrêter tout ça pour me laisser dériver dans son courant . J'avais promis de ne pas me laisser devenir comme eux , et tu vois j'y suis presque , il aurait fallu mourrir jeune pour ne pas voir que tout fout le camp , nos rêves , nos folies , nos illusions , nos coups de tête ... il n'est pas trop tard d'ailleurs , mais j'ai encore plus peur de la mort que du temps qui passe . Je pourrais vendre mon âme pour ne pas mourrir , je pourrais accepter de renoncer à tout . Mais faire la morte pour ne pas mourrir , voilà déjà ce que je fais depuis de si nombreuses années . Voilà ce qui me tue , voilà ce qui me fait regarder partir les trains sans jamais en prendre un , figée au bord du quai ...
"Un amour commence à exister quand chacun offre à l'autre le fond de ses pensées , les secrets les plus vérouillés . Sinon , ce n'est pas de l'amour , c'est de l'échange de peaux , de désir immédiat"
Katerine Pancol Un homme à distance
Elle est belle , vraiment . Ce n'est pas qu'elle soit resplendissante , ce n'est pas une beauté parfaite et sans failles mais elle est vraiment belle . Avec le temps , avec l'âge aussi , elle a renoué avec son corps , elle se sent bien dedans , dans cette peau , ça lui donne une élégance , une légèreté . Et puis plus je me sens mieux , mieux elle se sent aussi ... Ah vous voyez , je me situe encore à la base de tout , mon psy me le disait : " vous voyez , vous vous y placez encore , à l'origine , même à l'origine de sa propre finitude , vous vous y mettez" . est-ce qu'elle le sait qu'elle est belle ? je voudrais être comme elle , avoir sa légèreté , son insouciance , son apaisement , sa façon d'être encore une enfant et de prendre plaisir aux choses les plus simples . Moi j'ai quel âge au juste ? Je suis une femme paraît-il , enfin surtout sur les papiers pour tout dire , en réalité je suis surtout une fille , une fille presque femme . 50 ans dans la tête , peut-être même tellement plus , et 12 ans affectivement , ou peut-être un peu moins , ou un peu plus , je ne sais pas . Son coeur a elle n'a jamais été très jeune , on l'a blessé , c'est ce qui se passe pour les enfants à qui on enlève une partie d'eux-mêmes . Ils restent longtemps les enfants qu'ils n'ont pas pu être , comme figés dans le corps de celui qu'ils ont quitté bien trop brutalement . Et puis l'esprit divague , et s'évade . Elle a pu trouver une fenêtre par laquelle respirer , et je ne sais pas comment elle a fait . " Ne va pas chercher plus loin me dit-elle , aujourd'hui tout va bien comme ça , depuis que j'ai quitté la maison tout va bien " , et ça fait 40 ans que tout va bien , et moi , je ne peux m'empêcher de fouiller égoïstement dans le passé , de chercher le pièce du puzzle qui me fera réintégrer la logique de ma vie démantibulée . Pardonne-moi , ou plutôt non , ne me pardonne pas , pas cette fois .
Où vont nos rêves ? ou s'éteind le feu qui nous brûlait ? l'intensité des sentiments où je tourbillonais et où dansait ma vie ... en fumée et ne reste que mes yeux pour pleurer derrière les baies vitrées où les nuages continuent de passer , comme avant ... que fais-tu maintenant ? où es-tu ? et toi ... et toi que fais-tu ? où vont tes mains , sur quoi se pose ton regard ? à quoi penses-tu ? j'aimerais tellement te serrer contre moi et me réveiller de ce fade cauchemar qui ressemble à l'éternité . parfois je me dis qu'une vie ne suffira pas à oublier tout ça , à continuer malgré tous mes rêves brisés . J'aimerais tellement te retrouver et enfin te trouver , oublier ces appartements qui tournoyaient en haut des rues , et ces voitures qui ne s'arrêtaient pas , oublier ma folie . Mais je suis là , à l'approche d'un tournant , et ma peau se marque un peu , et je ne ris plus comme avant , je ne pleure plus , je ne vis plus pour grand chose . j'ai tout rangé , tout nettoyé , je n'ai même plus droit à la tristesse puisque je ne souffre de rien , puisque je suis morte , éteinte tout au fond , le peu de sève qu'il me reste fait briller mes branches et les gens s'y accrochent , s'y abritent , et tout ça est très bien mais je ne suis plus très sûre de vouloir continuer sur cette terre si ce n'est que pour survivre , pour suivre la marche jusqu'à ce que la mort efface tout . J'aurais aimé une image ... j'en serais tombée malade ... empoisonnée par les regrets , et par la peur !
Ils sont là , dissimulés dans le tissu et dans la chair , transparents sous les éclats du soleil , silencieux parfois , même au coeur de l'orage . Mais ils sont là . Ils sont là prêts à bondir , à vous dévorer , vous dévisager , vous paralyser . J'aurais aimé être cette fille qui n'a peur de rien , qui ne se laisse pas distraire par de sombres angoisses de séparation . Il y a des choses que je ne peux plus faire , comme me l'a montré cet après-midi , il y a des courages que je n'ai plus , une force ou une folie qui s'est enfuie , laissant la place à un obessionel désir de symétrie . Je suis seule dans cette angoisse , avec cette peur infranchissable . je ne veux plus partir ... mais je ne veux que ça .... je ne le veux surtout pas car ma vie est ici maintenant et que je l'ai moi-même construite à ma façon , mais je voudrais pouvoir la quitter , cette vie , je voudrais qu'elle ne soit pas ... une prison de plus ....
On s'habitue à l'absence . On peut sembler heureux , on peut même l'être vraiment , mais l'absence est là , claire , lumineuse , tapageuse par son silence . Elle vous entoure d'un voile , d'un je ne sais quoi qui vous rend différent . Quand tout le monde est rentré et quand tout le monde s'est amusé , qu'autour du dernier verre , je ris encore et je profite des lueurs de clarté ... je rentrerais seule , par habitude , je referais les mêmes gestes . Ma vie est sans relief , belle , mais sans relief , et mon coeur bat pour de rien .
J'aimerais que ce soit déjà l'hiver , que le soleil cesse de frapper à mes baies vitrées , de me narguer . J'aimerais que les gens rentrent chez eux et cessent de s'exposer sur les terrasses des cafés , heureux et légers . J'aimerais pouvoir me cacher sous un vêtement épais , frotter mes mains l'une contre l'autre pour enlever le bleu au bout des doigts . Et celui du coeur derrière ceux du corps , ne se verrait pas .